samedi 26 octobre 2019

La Paloma - Helmut Käutner 1944 VOSTFR





    Synopsis :  Ancien marin, Hannes Kröner chante tous les soirs dans un cabaret de Hambourg, situé dans la rue Grosse Freiheit. Un soir, son frère, mourant, lui fait part d'une mission un peu particulière....


    En 1943, l'industrie du cinéma allemand dut s'adapter aux ravages de la guerre aérienne et des bombardements alliés.Tourné en partie à Hambourg la même année, Große Freiheit N°7, réalisé par Helmut käutner, subit de plein fouet les tumultes et les vicissitudes de la guerre. Le tournage débute en mars 43, dans les studios de la Ufa à Neubabelsberg, puis à Berlin-Tempelhof, que les bombes détruisent entièrement pendant l'été. L'équipe est alors délocalisée à Prague, dans les studios Barrandov. Mais les extérieurs, eux, sont tournés à Hambourg, en automne 43. Autant dire que, après les raids aériens des Alliés, filmer le port de Hambourg, sans rien laisser paraître du désastre, relève de la gageure. C’est le fruit d'un authentique exploit. Car Hambourg est dévastée, détruite, laminée.1 million de sans-abri, 45 000 morts. Mais par quel miracle, Helmut Käutner réussit à capter ces images d’un Hambourg paradisiaque et poétique, alors que le plus grand port d'Europe est encore en été 43, sous l'emprise d'une véritable tempête de feu... ? 
    Ces quelques images furtives qu'il réussit à glaner, ne laissent rien filtrer de la tragédie qui s’est abattue sur la ville... Elles semblent baignées dans une atmosphère irréelle et soyeuse, et les couleurs, magnifiées par l’Agfacolor, ont une tonalité incroyablement chaude. Dieu que la guerre semble loin, Käutner nous emmène dans un rêve éveillé, aux confins d'un imaginaire dont il a le secret.
    À l'origine du projet, c'est Goebbels qui fournit à la Terra, filiale de la UFA, l’idée centrale autour de laquelle il envisage et conçoit le film, à savoir une comédie sentimentale et musicale, fondée sur des airs de chansons allemandes populaires. Et c'est vrai que le film de Käutner a, parfois, des petits airs de comédies musicales américaines. Légèreté et festivité sont au menu. Hans Albers, lui-même natif de Hambourg, est monumental. Ilse Werner est une femme résolument moderne, et choisit elle-même son destin. Dans les scènes de nu, elle est d'un naturel désarmant. 
    Le film déplut fortement au Ministre de la Propagande, qui le jugea immoral, et dégradant pour l'image de la femme et l'honneur de la marine allemande. Que ces matelots puissent se livrer sans vergogne, à des prostituées, et s'adonner à des beuveries permanentes, voilà qui ne plaisait manifestement pas au patron du cinéma allemand... Il exigea plusieurs coupes, mais le film n'obtint finalement pas l'autorisation du bureau de Censure, alors qu'il devait, pour sa "première solennelle" être projeté à Hambourg. Il fut interdit d'exploitation, du moins en Allemagne, mais autorisé à l'étranger. Il a bien fallu amortir le coût du film, qui s'élevait à plusieurs millions de marks, le seul salaire de Hans Albers engloutissant près de 400 000 Marks...
    La première eut donc lieu à Prague, en décembre 44, et le film ne fut diffusé en Allemagne, qu'en 1945, après la chute du régime.
    PS : La copie est splendide, entièrement restaurée en 4K, et quelles couleurs ! Le film sera diffusé en France, sous le titre  La Paloma .
    Comme souvent, Helmut Käutner fait une apparition remarquée, en tant qu'acteur, (au début du film) dans le personnage un brin fantasque de Karl

    Bonus :

    - Extrait de Une histoire du cinéma allemand : la UFA, de Klaus Kreimeier  ( PDF- 7p)  Mille excuses pour la qualité du scan, je me suis essayé au scan portable, et ça ne m'a franchement pas réussi... Donc ça sera la dernière... Outre quelques pages sur le film de Käutner, vous trouverez de précieuses informations sur un autre film célèbre, Kolberg de Veit Harlan.
    - Histoire du cinéma nazi de Francis Courtade et Pierre Cadars (jpeg)

    Kermite.

    HDTV (1040x1080) VOSTFR+VF

    Liens : 

    https://1fichier.com/?1kw2oxiaf5nwv4vj9v6p
    ou 
    https://uptobox.com/sz6z1kx652oq







2 commentaires:

  1. Une fois de plus, Kermite, tu me sauves la mise. Grâce à ta captation de qualité (du HDTV 1080) en vost et en vf (même si la vo est à privilégier merci d'avoir laissé cette piste française, doublage récent) j'ai pu profiter pleinement de ce film du trop méconnu (du moins par chez nous) Helmut Käutner. Une fois encore, lors de la programmation, je me suis trompé dans les horaires et ... je n'avais plus que mes yeux pour pleurer car Arte n'a pas rediffusé ce film. Je me réjouissais tant de pouvoir le voir dans une version restaurée (très belle copie d'ailleurs). Mais tu es là et j'ai pu ainsi le récupérer (sur Ygg). Heureusement que des passionnés comme toi existent et partagent volontiers leurs enregistrements. Merci infiniment.
    Tu as, j’imagine, du voir (et enregistré – ce coup-là, j’ai vérifié à deux fois ma programmation !) Ciel sans étoiles, diffusé récemment sur Arte. Encore un film de Käutner qui, décidemment, mérite d’être (re)découvert tant sa filmographie est intéressante.
    L’histoire de Ciel sans étoiles (Himmel ohne Sterne) m’a emporté et je ne suis pas prêt de l’oublier. Rien de bien original pourtant. Un garçon, une fille, ils tombent amoureux mais voilà, entre eux se dresse un obstacle : une frontière, LA frontière entre la RFA et la RDA. Je le disais, rien de bien original, mais sans démonstration lourde et indigeste, Käutner parvient à montrer toute la stupidité de ces « frontières » artificielles dressées par l’homme ou du moins certains hommes. Et le tout filmé à hauteur d’homme.
    Son film est empreint d’une humanité incroyable et j’ai vraiment été touché au plus profond par ces deux êtres qui n’aspirent qu’à être ensemble mais qui ne le peuvent pas, mais qui ne le pourront pas du fait de l’existence de cette frontière. Un film terriblement sombre, pessimiste et qui n’a rien perdu de sa force car tant de « frontières » et de « murs » existent de par le monde.
    Encore un très beau film de Käutner.

    Roger

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    1. Cher Roger,
      Je suis ravi de te rendre ce petit service, sachant à quel point ce genre de désagrément s'avère finalement rageant. Et connaissant parfaitement ton vif intérêt pour Käutner, c'eût été vraiment dommage de ne pas pouvoir mettre la main sur cette copie resplendissante, rehaussée par un Agfacolor aux couleurs chaleureuses.
      Je ne puis que partager ton avis sur Helmut Käutner, qui s'est révélé être pour moi une sacrée belle découverte. Sans verser dans le panégyrique, je suis d'avis que ce cinéaste injustement méconnu, affiche une vraie sensibilité d’artiste. Je déplore qu'aucun livre ne soit sorti sur lui, du moins en France, et qu'il n'ait pas écrit ses mémoires. J'aurais tant aimé en savoir davantage sur lui, sa vie, ses rencontres, ses choix, ce qui l'a poussé, motivé à vouloir faire des films à une époque entièrement soumise à une censure drastique et une idéologie franchement nauséabonde. Et pourtant dans chacun de ses films on peut facilement reconnaître sa “patte”. À mesure que je découvre ses films, je reste saisi par son humanisme. Car oui, pour moi Käutner est bel et bien un humaniste convaincu, qui contrairement à d'autres, ne s'est pas fourvoyé dans un cinéma de propagande, et a, semble t-il, réussi à ne pas se brûler les ailes. Un humaniste qui, paradoxalement, a dû se sentir un peu seul, un peu perdu pendant ces années de guerre, à une époque qui avait, elle, justement perdu toute son humanité. Mais aurait-il fait les mêmes films s'il en avait été autrement ?
      PS : j'ai bien enregistré Ciel sans étoiles, que je n'ai pas encore regardé, et vu la ferveur et l'émotion avec lesquelles tu en parles, je ne doute pas un seul instant que ce film me plaira forcément….
      Au plaisir de te lire.
      Kermite.

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